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Documentation pédagogique – Se servir de la documentation pédagogique pour mieux comprendre la pensée des enfants

Les éducatrices et éducateurs des cycles préparatoire et primaire de l’Ontario voient l’apprentissage d’un autre œil dans leur recherche sur l’apprentissage des enfants. En utilisant un processus appelé «la documentation pédagogique», ils découvrent comment les enfants pensent et apprennent, puis ils adaptent leur pratique. Par l’écoute et l’observation des enfants ainsi que la collecte de «preuves» de leur apprentissage, ils apprennent à mieux connaître l’apprentissage, comment il s’acquiert et comment ils peuvent l’appuyer. En mettant l’apprentissage au centre, la documentation pédagogique permet aux éducatrices et éducateurs de développer des liens authentiques avec les enfants et leurs familles.

Dans ce module, nous vous invitons à explorer la documentation pédagogique pour approfondir votre compréhension de l’apprentissage des élèves et le renforcer en classe. Nous offrons six sujets de matière à réflexion, chacun présenté pour susciter la discussion et donner une occasion de collaboration et de réflexion. Ces sujets sont abordés à l’aide de questions d’orientation accompagnées de citations extraites d’ouvrages de recherche, de réflexions d’éducatrices et d’éducateurs sur le terrain ainsi que de vidéos d’éducatrices et d’éducateurs des cycles préparatoire et primaire et de jeunes enfants.

Protocole d’étude et d’analyse de la documentation

Approfondir l’apprentissage sur la documentation…

«L’an dernier, nous considérions la documentation comme un moyen de communiquer aux parents l’apprentissage des enfants en classe. Cette année scolaire, j’ai utilisé la documentation différemment. Nous avons eu l’occasion d’examiner la monographie Accroître la capacité Série d’apprentissage professionnel – Documentation pédagogique, et nous avons commencé à approfondir notre apprentissage de la documentation. Je me suis peu à peu rendu compte que mes pratiques de l’année précédente aidaient à montrer ce que nous faisions en classe, mais ne révélaient pas la façon dont nos élèves pensaient et apprenaient ainsi que la façon dont leur apprentissage déterminait la suite de notre enseignement.»
(Éducateur du cycle préparatoire)

Réflexions sur les éducatrices et éducateurs en tant que chercheuses et chercheurs…

«Être chercheuse ou chercheur, c’est être curieux. Lorsque des éducatrices et éducateurs commencent à se montrer curieux et à chercher un sens pour établir la documentation pédagogique, ils peuvent se retrouver dans une situation nouvelle et peut-être inconfortable en tant qu’éducatrices-chercheuses et éducateurs-chercheurs.»
(Tarr, 2010 – traduction libre)

«Je vous observe et, pendant que je vous observe, je vous “saisis”. En même temps, je modifie mes propres connaissances. L’observation n’est donc pas seulement une action individuelle, elle est aussi une relation réciproque. C’est une action, une relation, un processus qui nous fait prendre conscience de ce qui arrive autour de nous.»
(Rinaldi, 2004 – traduction libre)

«Placez-vous en retrait pendant un instant et faites de la place à l’apprentissage, observez attentivement ce que font les enfants et, si vous avez bien compris, peut-être n’enseignerez-vous plus comme avant.»
(Malaguzzi, cité dans Fraser, 2012 – traduction libre)

D’autres renseignements sur l’apprentissage mis au centre

«Rinaldi (2001) décrit la documentation pédagogique de façon assez paradoxale comme une “écoute visible” à l’aide de notes, d’images, de vidéos et autres, pour reconstruire les parcours et les processus d’apprentissage des enfants. Parallèlement, Gandini et Kaminsky (2004) la définissent comme une “pédagogie de l’écoute” qui élargit la notion de documentation pour inclure la collecte de preuves d’apprentissage variées afin que l’apprentissage des élèves devienne visible et pour créer une trace authentique de dialogue, de réflexion et d’analyse. Contrairement à une évaluation sommative, la documentation pédagogique n’intervient pas à la fin d’une leçon ou d’une unité; il s’agit d’un processus cyclique continu qui facilite la croissance et le développement professionnel.»
(Accroître la capacité Série d’apprentissage professionnel – Documentation pédagogique, 2013)

Monographie : Nouveau regard sur la documentation pédagogique

Cliquez sur l’un ou l’autre des boutons ci-dessous pour explorer les pages de matière à réflexion.

Idées préconçues au sujet des enfants
Comment nos idées préconçues au sujet des enfants déterminent-elles comment nous les représentons dans notre documentation?

Mise en contexte

À mesure que les éducatrices et éducateurs des cycles préparatoire et primaire réfléchissent à l’apprentissage qu’ils consignent dans la documentation, ils commencent à se poser diverses questions: «Quelle responsabilité avons-nous en tant qu’éducatrices-chercheuses et éducateurs-chercheurs de représenter d’autres personnes de manière éthique et respectueuse?»; «Comment nos choix quant à ce que nous documentons révèlent-ils nos valeurs et ce que nous jugeons important en ce qui concerne les enfants?» En nous engageant dans le processus de la documentation, nous devons être conscients de notre partialité et de notre subjectivité, ainsi que de la façon dont ces éléments déterminent «l’optique» dans laquelle nous décrivons l’apprentissage des enfants.

Connaître son influence

Dans cette vidéo, John Hattie invite les éducatrices et éducateurs, en tant qu’apprenantes et apprenants, à connaître leur influence en examinant l’apprentissage du point de vue de l’élève et en découvrant ce que révèlent les faits recueillis.

Transcription de la vidéo

On trouve les deux moitiés de l’équation dans une classe: ce que font les élèves et ce que fait l’éducatrice ou l’éducateur. Les deux sont essentiels à l’apprentissage tel que nous le voulons. Une moitié de l’équation consiste à savoir comment les éducatrices et éducateurs peuvent réussir à voir l’apprentissage du point de vue des élèves. Pour cela, il faut d’abord s’arrêter et écouter les enfants. L’une de mes difficultés dans de nombreuses écoles réside dans le discours du personnel enseignant. Hé! Je suis un universitaire, nous parlons encore plus. Comment s’arrêter et écouter l’apprentissage? Voilà pour la première moitié. Il existe de multiples façons d’écouter. On peut le faire par l’évaluation, mais on peut aussi écouter les questions des élèves qui sont, à mon avis, une part très sous-estimée de l’écoute. On peut s’arrêter et apprendre en regardant ce que font les élèves. On peut s’arrêter et apprendre en comprenant leurs progrès. Il existe donc de nombreux moyens d’écouter. L’autre moitié de l’équation est ce que nous appelons dans notre jargon en éducation – nous sommes très bons pour le jargon – la métacognition. Et quand je parle de la métacognition à des groupes de personnes, je les vois prendre un air absent et se dire: «Ça y est, c’est reparti.»

C’est un mot de jargon très puissant et je me demande en fait ce qu’il veut dire. À mes yeux, c’est simple. Lorsque les élèves deviennent leurs propres éducatrices ou éducateurs, lorsqu’on est sa propre éducatrice ou son propre éducateur, on sait comment s’autoréguler, comment s’autosurveiller et comment tenter différentes stratégies. On sait quand quelque chose ne fonctionne pas. On sait déceler les erreurs. Dans les écoles, on parle souvent d’apprentissage pour toute la vie. Cette notion m’apparaît vide de sens. Pas parce qu’elle n’est pas importante, mais parce qu’elle ne signifie rien pour moi. Ce que nous voulons plus que tout pour nos élèves, c’est qu’ils soient leurs propres éducatrices ou éducateurs quand ils nous quittent. Qu’ils sachent quand ils ne savent pas afin d’aller chercher de l’aide. Les jeunes de cinq ans peuvent le faire. Un grand nombre des jeunes de 15 ans l’oublient. C’est là que les deux moitiés de l’équation se réunissent: Comment faire en sorte que les élèves prennent davantage en charge leur propre apprentissage? Comment peuvent-ils faire — en particulier à cette époque où il y a tant de ressources à leur disposition en raison de la technologie — pour utiliser d’autres ressources? Je crains qu’ils n’utilisent actuellement les ressources de manière très superficielle et simpliste. Comment leur enseigner à être de meilleures apprenantes et de meilleurs apprenants?

Donc, voilà à quoi servent les deux parties de l’équation: tenter de trouver l’histoire sous-jacente aux données. Ces deux phrases semblent résumer l’équation. Le premier élément et le plus important est notre façon de penser en tant qu’adultes dans cette affaire. Par exemple, j’ai depuis longtemps abandonné la notion de parler d’enseignement. Cela ne m’intéresse plus vraiment de parler d’enseignement, pas parce que ce n’est pas important, mais parce que la question n’est pas la bonne. Je vois des éducatrices et éducateurs qui utilisent une certaine méthode. D’autres l’utilisent aussi et son influence est spectaculaire. Alors, si je devais résumer, ce qui m’importe, c’est de «connaître son influence». En tant qu’adulte dans la pièce, comment puis-je, connaître l’influence que j’exerce sur vous, sur toutes les autres personnes dans la pièce? À quel propos? À quel niveau [est-ce] acceptable pour moi d’avoir ce type d’influence? Si l’on entre dans une salle de classe dans cet état d’esprit, à savoir que notre travail est de connaître notre influence, tout le reste suivra, à mon avis. Environ une minute par mois, les éducatrices et éducateurs se parlent d’enseignement. C’est ce que je veux changer plus que toute autre chose. Comment puis-je avoir une conversation sur l’apprentissage, sur l’enseignement, sur l’influence de mon enseignement quand je parle à mes collègues?

Il y a dans les écoles tellement de structures qui nous en empêchent. Nous avons beaucoup de réunions du personnel pendant lesquelles nous parlons de toutes sortes d’autres choses, de ce que nous voyons, d’autres méthodes d’enseignement, mais nous ne sommes pas très bons pour parler de l’influence que nous exerçons. C’est ce dont je veux parler lorsque je parle d’apprentissage chez l’éducatrice ou l’éducateur: discuter de ce que je fais bien et, si je veux réellement apprendre, de ce que je fais moins bien. Avec qui est-ce que je réussis bien? C’est comme de la musique à mes oreilles lorsque je vais dans des salons du personnel et que j’entends des éducatrices et éducateurs dire: «J’ai des défis avec un enfant, quelles autres stratégies, à ton avis, devrais-je connaître ou essayer pour améliorer la situation?» Là, on parle de diagnostic. Qu’est-ce qui se passe? Voilà, pour moi, le pouvoir d’une éducatrice ou d’un éducateur en tant qu’apprenante ou apprenant. Comme je l’ai déjà dit aussi, je peux avoir, dans les écoles où je me rends, d’excellentes discussions très différentes que d’entendre parler d’une autre méthode d’enseignement, d’une autre innovation du curriculum. Tout cela est nécessaire, mais ce n’est pas la clé de ce qu’est pour moi une éducatrice ou un éducateur en tant qu’apprenante ou apprenant. Cela ressemble à tout ce que nous faisons en éducation. Si vous le savez déjà, que faites-vous là? C’est ce que nous ne savons pas qui nous intéresse.

Preuve d’apprentissage

Dans cette vidéo, Lucy West invite les éducatrices et éducateurs à réfléchir à la preuve du déjà connu et à la preuve de l’apprentissage.

Transcription de la vidéo

Donc, toute la conversation tourne autour de ce qu’est la preuve de l’apprentissage. La preuve de l’apprentissage n’est pas la preuve du déjà connu. Par exemple, si une éducatrice ou un éducateur pose une question à une ou à un élève qui connaît immédiatement la bonne réponse, l’élève savait déjà cela, alors cette question ou cet enseignement n’a pas de valeur ajoutée pour la compréhension de l’élève. La preuve de l’apprentissage est plus diffuse et difficile à cerner. Si vous voulez comprendre si les élèves acquièrent vraiment de nouvelles connaissances, c’est sur cet aspect que vous devez vous concentrer, que vous soyez une directrice ou un directeur en visite dans une classe, une ou un collègue en visite, une éducatrice ou un éducateur qui réfléchit à la réussite de sa propre leçon.

Qu’apprenons-nous de la recherche?

«L’éducatrice ou l’éducateur travaille beaucoup comme sociologue pour comprendre la vie des enfants et leurs expériences, du point de vue de ces derniers. Le but n’est pas de savoir où les enfants en sont dans leur développement et à quels égards ils pourraient avoir des lacunes, mais plutôt d’enlever ces “lunettes” qui ont tendance à empêcher les éducatrices et éducateurs de voir les façons uniques dont les enfants construisent leur compréhension du monde et les rôles qu’ils jouent dans la création de la culture.»
(Dahlberg et coll., 1999-2007; Tarr, 2010 – traduction libre)

Qu’apprenons-nous des éducatrices et éducateurs sur le terrain?

«Les preuves recueillies grâce à notre documentation nous ont permis de voir les nombreuses possibilités de rendre visibles la pensée et l’apprentissage des enfants. L’utilisation de différentes formes de documentation de l’apprentissage des élèves a amené les équipes à voir les enfants différemment. Diverses formes de démonstrations de l’apprentissage sont ainsi ressorties et nous ont amené à surpasser nos attentes et à apprécier la contribution de chaque enfant. Nous avons vu apparaître le processus d’apprentissage des enfants, leurs langages multiples et les stratégies utilisées par chacune et chacun d’eux.»
(Éducatrice du cycle primaire)

«Histoire d’apprentissage»
Comment le processus de documentation pédagogique aide-t-il les éducatrices et éducateurs à capter «l’histoire de l’apprentissage» pour passer ensuite à «l’étude de l’apprentissage»?

 Mise en contexte

La documentation pédagogique demande aux éducatrices et éducateurs de faire le lien entre l’apprentissage et l’enseignement en appuyant la pratique de l’enquête collaborative. Ils partagent entre eux leurs preuves, revoient, interprètent, analysent et négocient une compréhension commune de l’apprentissage consigné. En adoptant l’apprentissage par l’enquête, ils entament un dialogue sur l’apprentissage et cherchent des adaptations possibles dans la pratique, susceptibles d’influencer l’apprentissage. À mesure que les éducatrices et éducateurs des cycles préparatoire et primaire comprennent davantage la documentation pédagogique, ils vont au-delà de la collecte de preuves de l’apprentissage aux seules fins de l’évaluation.

Séquence de Lana et d’Angeline

Dans cette vidéo, les membres d’une équipe pédagogique décrivent comment elles utilisent leur documentation pédagogique pour mieux comprendre la pensée des enfants.

Transcription de la vidéo

Nous utilisons beaucoup de documentation dans notre classe. Nous la trouvons très utile, d’abord en tant qu’outil d’évaluation qui nous permet de savoir exactement où en sont les enfants et ce qu’ils doivent apprendre ensuite. C’est aussi un grand moment de réflexion pour les enfants: lorsqu’ils se voient sur des photos ou dans des vidéos, puis qu’ils entendent ce qu’ils ont dit, ils sont portés parfois à repenser à leur ancienne théorie et à la revoir un peu; s’ils écoutent quelqu’un d’autre ou si nous leur répétons ce que d’autres ont dit, ils commencent vraiment à combiner les idées des uns et des autres et à approfondir un peu, je pense, le projet auquel nous travaillons. Parfois, ils commencent simplement à penser de manière un peu plus critique à leurs idées, à celles des autres et à la façon dont ils peuvent intégrer tous ces éléments dans leur base de connaissances.

Qu’apprenons-nous de la recherche?

«Ce n’est qu’après une analyse considérable de ce que révèle la documentation sur les théories, les compréhensions et les incompréhensions des enfants que les éducatrices et éducateurs seront en mesure de formuler des hypothèses, des prédictions et des projections sur les expériences d’apprentissage futures qui se feront dans la continuité de la pensée actuelle des enfants, puis qui stimuleront et intéresseront un groupe donné d’apprenantes et d’apprenants, dans un lieu et à un moment en particulier.»
(Dewey, cité dans Gandini et Kaminsky, 1998, traduction libre)

Qu’apprenons-nous des éducatrices et éducateurs sur le terrain?

«Au début, nous avons tout photographié. Les enfants prenaient des poses et nous demandaient de les photographier. Nous avons fini par avoir littéralement des centaines de photos. Nous avons d’abord fait un tri. Quand nous avons mieux connu la documentation pédagogique, nous avons commencé à prendre des photos d’observations plus “ dignes d’intérêt ”. Lorsque nous avons analysé notre documentation, nous nous sommes vite rendu compte que nous photographions ce que les enfants savaient déjà. À mesure que nous avons su mieux analyser la documentation, nous avons commencé à voir des preuves que les enfants changeaient leur façon de penser, ce qu’ils pensaient et ce qui constituait de l’apprentissage.»
(Éducateur du cycle primaire)

Analyse de la documentation
Comment nos décisions sur les éléments de la documentation à analyser influencent-elles la pédagogie des cycles préparatoire et primaire ainsi que la communication de l’apprentissage?

Mise en contexte

Pour comprendre le processus complexe de l’apprentissage, nous devons «ralentir l’apprentissage», prendre le temps (et prévoir ce temps) d’écouter et d’observer les enfants dans cet apprentissage. Cette approche nous permet de nous interroger sur l’influence possible de nos «actions pédagogiques» sur l’apprentissage et d’y réfléchir. Par la documentation pédagogique, les éducatrices et éducateurs choisissent des éléments de la documentation particulièrement déconcertants pour les analyser en profondeur de points de vue multiples. Par l’analyse et l’interprétation collectives, ils peuvent approfondir leur compréhension de l’apprentissage des enfants, créer un savoir pédagogique et adapter la pratique en fonction de l’apprentissage.

Rendre visibles la pensée et l’apprentissage

Dans cette vidéo, Carol Ann Wien témoigne de l’importance de la documentation pédagogique qui permet de révéler la vision que les enfants se font du monde.

Transcription de la vidéo

Le rapport entre la documentation pédagogique et la planification est très intéressant. Je tiens d'abord à dire que nous sommes portés, dans notre culture, à observer et à documenter, puis à chercher ce que nous pourrions faire.

Ce qu'il y a de merveilleux avec la documentation pédagogique, c'est qu'elle nous aide à créer un espace entre nos observations et nos interprétations et, bien sûr, ce sont ces derniers qui dictent la planification. Elle crée cet espace, parce qu'elle place un signet à l'endroit où l'événement s'est produit.

Quand vous photographiez quelque chose, ce n'est pas tellement la réalité que vous captez, mais plutôt une tranche de vie; c'est un point de repère, un signet d'un moment de réalité que les personnes concernées peuvent revisiter. Par exemple, nous avons ici un enfant qui joue avec un foulard. C'est une documentation de Mark Richard. La veille, cet enfant avait roulé le foulard en boule et l'avait lancé en l'air. Il avait remarqué que le foulard redescendait rapidement. Le lendemain, il a étendu le foulard à plat et l'a jeté en l'air en le tenant par les coins et l'a regardé descendre lentement. Mark lui a ensuite fait remarquer que le foulard retombait beaucoup plus lentement lorsqu'il était lancé à plat et qu'il retombait comme une balle lorsqu'il était chiffonné en boule; c’était de la physique informelle.

Lorsqu'un éducateur croit profondément en l'image de l'enfant puissant, capable et compétent, il produit une documentation qui montre aux parents les capacités et les compétences de leur enfant, et ce sont souvent des choses que les parents n'ont pas vues. Les enfants ne sont généralement pas les mêmes selon qu'ils évoluent dans le cadre d'un programme ou à la maison. La documentation permet de montrer aux parents le côté social de leur enfant, qui est différent, parce qu'il se passe dans un contexte différent. C'est très intéressant. 

Je pense à certaines photos d'enfants qui fabriquaient des trucs spatiaux étonnants. C'était comme des toiles sur des murs… de petites structures… c'était époustouflant! Les enfants ont de fabuleuses capacités, et nous devons leur offrir un contexte où ils pourront démontrer ces capacités. C'est notre rôle d'éducateur.

Qu’apprenons-nous de la recherche?

«Par le passé, la documentation a été un moyen de comprendre le développement de l’enfant, mais récemment, la documentation pédagogique est devenue un outil qui permet aux éducatrices et éducateurs de se transformer en chercheuses et chercheurs, puis de commencer à remettre en cause la validité des théories du développement de l’enfant lorsqu’elles sont universellement appliquées à tous les enfants, en particulier celles et ceux qui viennent de milieux culturels et sociaux différents. En se livrant à une analyse collaborative déconstructrice, les éducatrices et éducateurs commencent à ajouter des points de vue multiples à leur point de vue sur les capacités, les compétences et le potentiel des enfants.»
(Fraser, 2012 - traduction libre)

Qu’apprenons-nous des éducatrices et éducateurs sur le terrain?

Les preuves recueillies sous diverses formes de documentation témoignent des compétences et des capacités des jeunes enfants lorsqu’ils parlent de ce qu’ils pensent et définissent des moyens de rendre cette pensée visible.

Utilisation de la technologie
Comment l’utilisation de la technologie et d’autres outils aide-t-elle les éducatrices et éducateurs à documenter l’apprentissage des enfants et à réfléchir sur le processus complexe de la documentation pédagogique?

Mise en contexte

Les éducatrices et éducateurs des cycles préparatoire et primaire qui adoptent l’approche de la documentation pédagogique recueillent des renseignements sur l’apprentissage des enfants par des observations et des interactions, des photos, des vidéos, des enregistrements sonores, des échantillons de travaux d’élèves et ainsi de suite pour prendre des décisions sur le curriculum, l’enseignement, le milieu d’apprentissage et l’évaluation du rendement. Ils repensent leur façon de recueillir et d’interpréter les données officielles dans un milieu d’apprentissage axé sur le jeu et l’enquête. Ils apprennent des moyens de rassembler des preuves officielles dans le contexte axé sur le jeu et l’enquête pour que les enfants et eux puissent utiliser l’information pour réfléchir à l’apprentissage et orienter les décisions pédagogiques.

Documentation d’une enquête

Vidéo de Sandra

Dans cette vidéo, une éducatrice décrit la façon dont elle procède pour documenter l’apprentissage des enfants.

Transcription de la vidéo

Sur un panneau de documentation, j’aurais des photographies, dans certains cas les mots des enfants transcrits tels qu’ils les ont dits en réponse à différentes questions ou à propos de leurs théories. J’inclurais aussi certains de mes commentaires sur ce que j’ai remarqué ou appris et ce que j’ai tenté d’inculquer, soit par des titres, soit par des commentaires sur l’apprentissage en cours. Parfois, j’ajoute aussi des citations qui me semblent pertinentes; les créations artistiques des enfants occupent souvent une grande place – des esquisses de leurs constructions, quelque chose qu’ils ont observé à la table des sciences, une peinture et parfois une sculpture. Tous ces éléments font partie de la documentation.

La documentation prend du temps. Il faut plus de temps au début, mais avec l’habitude, il en faut de moins en moins parce qu’on acquiert des méthodes de travail. Pour ma part, ce n’est pas du temps qui s’ajoute à ce que je fais déjà. C’est du temps passé à faire autre chose que ce que je faisais auparavant. Avant, lorsque j’abordais des thèmes, je planifiais toutes sortes d’activités liées à ce thème ou je découpais des formes pour les arts ou je préparais des brochures que je photocopiais pour que les enfants les fassent, des activités auxquelles je ne consacre plus de temps.

Maintenant, je peux utiliser ce temps pour faire ce panneau. D’autres personnes, d’autres éducatrices et éducateurs qui sont venus me rendre visite m’ont demandé comment j’ai commencé à changer mon enseignement et quelles mesures ils pourraient prendre pour orienter leur propre enseignement plus de cette manière. Je commence toujours par leur dire que ce processus est long. Il n’arrive pas du jour au lendemain; on ne peut pas simplement tout changer dans tout l’environnement et dans toutes nos activités. Il faut prendre de petites mesures et persévérer. L’une des premières choses que j’ai essayé de faire, je pense, c’était d’écouter attentivement ce que les enfants faisaient et de me donner la permission d’avoir un jour où ils n’y avait aucune activité prévue à laquelle ils devaient participer ou qu’ils devaient exécuter. Au lieu de cela, ce jour-là, je prenais le temps d’être avec eux aux divers centres en tant qu’observatrice, de documenter et de consigner ce qui se passait par des photographies ou des notes de ce qu’ils disaient. Ensuite, je me basais sur ces observations pour continuer. C’est ce que j’ai fait en premier. Pour voir où l’on s’en irait. Relire leurs mots pour voir s’il s’en dégageait des idées. Comme autre mesure, j’ai aussi beaucoup utilisé le matériel artistique de façon à leur permettre d’explorer leur pensée au lieu de se livrer à une activité précise que je voulais leur faire faire. Donc, l’art comme outil d’apprentissage au lieu d’activités d’artisanat.

Vidéo de Lotje

Dans cette vidéo, les membres d’une équipe pédagogique des cycles préparatoire et primaire décrivent leurs expériences de l’apprentissage de la documentation pédagogique.

Transcription de la vidéo

- Je crois que nos techniques d’observation et de documentation nous ont paru un peu difficiles, en ce sens que l’utilisation d’un appareil photo dans la salle de classe, le fait d’en être conscientes et de se dire: «Oh, nous devons prendre l’appareil photo et photographier cela parce que ça nous aidera à documenter ce qui se passe avec les enfants.» Ou même sortir le caméscope, puis essayer vraiment de réfléchir aux questions que nous voulions poser… Simplement de se sentir à l’aise devant la caméra ou même d’entendre sa propre voix enregistrée, parce que c’est nouveau pour nous; prendre des photos l’une de l’autre et s’assurer qu’il n’y ait pas que les enfants, que nous paraissions aussi sur les photos, pour montrer que l’apprentissage est un tout, l’affaire de toute une équipe.

- Pour documenter, il peut être aussi simple que d’utiliser un cadre numérique, d’y mettre les photos et de le placer dans la salle de classe pour que les enfants puissent revoir les photos lorsqu’ils sont prêts et faire des liens. C’est un excellent moyen d’établir des liens réels avec leur apprentissage.

Qu’apprenons-nous de la recherche?

«Parfois, lorsque les éducatrices et éducateurs s’engagent dans une nouvelle pratique comme la documentation, ils perdent de vue leur objectif initial et la pratique en elle-même devient le but. La documentation qui ne mène pas à l’évaluation du curriculum et de l’enseignement et qui n’a pas d’application pratique n’a pas beaucoup de valeur. Tant que les éducatrices et éducateurs se souviennent que la documentation est un outil conçu pour orienter leur enseignement, le temps passé à acquérir ces nouvelles compétences aura été bien utilisé.»
(Helm, Beneke et Stenheimer, 2007 – traduction libre)

Qu’apprenons-nous des éducatrices et éducateurs sur le terrain?

«Les preuves recueillies grâce à notre documentation nous ont permis de voir les nombreuses possibilités de rendre visibles la pensée et l’apprentissage des enfants. L’utilisation de différentes formes de documentation de l’apprentissage des élèves a obligé les équipes à voir les enfants différemment. Diverses formes de démonstration de l’apprentissage sont ainsi ressorties et nous ont fait dépasser nos attentes et apprendre à apprécier la contribution de chaque enfant. Nous avons vu apparaître le processus d’apprentissage des enfants, leurs langages multiples et les stratégies utilisées par chacune et chacun d’eux.»
(Éducateur du cycle préparatoire)

Coconstruction des connaissances
Comment la documentation pédagogique aide-t-elle les éducatrices et éducateurs et les enfants à coconstruire leurs connaissances?

Mise en contexte

Dans les salles de classe axées sur le jeu et l’enquête, les enfants élaborent leurs propres théories de travail en s’inspirant de leur monde et en utilisant une gamme d’habiletés, de stratégies et de dispositions. À mesure que les éducatrices et éducateurs se familiarisent avec la documentation pédagogique, ils recueillent de diverses façons de l’information sur la pensée des élèves et leur façon d’élaborer des théories. En portant attention aux propos, aux gestes et aux représentations des enfants, ils recueillent des preuves de la pensée des enfants par des photographies, des séquences vidéos, des enregistrements, des échantillons de travaux d’élèves et des interactions, et démontrent ainsi l’importance de l’évaluation «au service de» l’apprentissage et «en tant que» mode d’apprentissage.

En visionnant les vidéos…

  • Que nous apprennent les décisions des enfants lorsqu’ils choisissent ce qu’ils veulent documenter sur ce qu’ils sont en tant qu’apprenantes et apprenants?
  • Que nous apprennent les décisions des adultes lorsqu’ils choisissent ce qu’ils veulent documenter sur ce qu’ils sont en tant qu’éducatrices et éducateurs?

Documenter les observations des élèves

Dans cette vidéo, une éducatrice explique la façon dont elle a procédé pour documenter les observations des élèves lors d’une expérience avec les aimants

Transcription de la vidéo

Donc moi, mon rôle, afin d’appuyer Lise-Anne dans cette démarche-là, c’est que… on a rassemblé le groupe, tout le groupe, au tapis, pour le tableau blanc, puis j’ai rentré comme une genre de troisième personne parce que j’étais pas là vraiment nécessairement quand ils ont fait le tout. Donc moi, c’était de poser la question lorsqu’on regardait, on a fait un retour sur leurs photos, puis c’était de leur poser des questions de qu’est-ce qui s’était passé… «Pourquoi est-ce que…?» «Qu’est-ce que tu as fait?» «Explique-moi ce que tu as fait avec ton aimant à ce moment ici.» Puis là, j’avais les élèves qui étaient dans la photo qui m’expliquaient: «Mais moi, j’ai essayé l’aimant sur la patente de chaleur,» qu’ils l’appelaient, «puis ça l’a fonctionné.» Puis là on… faisait un retour sur la prochaine photo; «Bien moi, j’ai essayé ceci puis ça ne fonctionnait pas.» Bien là, je leur demandais: «Bien pourquoi ça ne fonctionnait pas?», puis là ils m’expliquaient: «Parce que la chaise… le dossier est en plastique, mais lorsqu’on met l’aimant sur la patte de la chaise, ça collait parce que c’était du métal.» Donc, on a juste fait un retour sur toutes les photos, puis de là ils ont pu m’expliquer, puis moi, j’ai pu jouer le jeu de: «Ah, madame ne sait pas pourquoi.», juste poser les questions de comment est-ce que le tout s’est déroulé, puis eux autres m’expliquaient, puis ça allait selon qui était dans la photo. C’est vraiment eux qui m’ont expliqué leur petite… leur expérience et leurs observations d’après ce qu’ils ont fait.

Documentation et coconstruction des connaissances

Dans cette vidéo, des élèves de 3e année documentent leurs nouvelles connaissances, les présentent au groupe-classe et planifient la suite de leur enquête.

Transcription de la vidéo

- J’ai trouvé dans mon livre que…

- Oui.

- «Ontario» signifie «eau vive»…

- Oui.

- Puis que «Niagara» signifie «tonnerre d’eau».

- Tonnerre d’eau.

- Oui. J’ai ajouté ça sur la carte. C’est tout.

- Ok. Là aujourd’hui, est-ce qu’on pourrait en mettre des nouvelles connaissances?

- Oui.

- Comme quoi, par exemple? Justin et Samuel, comme quoi?

- On pourrait comme… des nouvelles connaissances?

- Oui. Qu’est-ce qu’on pourrait mettre dans les nouvelles connaissances?

- On pourrait mettre que… mettons… On a trouvé que la baie James c’est pas un lac. Oui… comme… que c’est pas un lac et pourquoi ce n’est pas un lac.

- Donc, nouvelle connaissance.

- Aussi, madame, j’en avais un autre.

- Vas-y.

- Aussi, c’est que… je ne le savais vraiment pas là, mais «Niagara» et «Ontario» signifient «eau vive» puis «tonnerre d’eau». Ça, je le savais vraiment pas.

- Ça, tu le mettrais où ça?

- Je le mettrais dans «Nouvelles connaissances».

- Super. Ok, les grands! Là vous allez vous prendre un crayon. Je veux que tout le monde vient écrire au moins une chose dans le tableau RAN. Vous allez partager ça après. Si tu l’a déjà écrit, c’est bon. Celui-là fonctionne… Puis les grands, ça peut être ce que vous nous avez partagé ce matin, là. Ça peut absolument être ça, ça n’a pas besoin d’être quelque chose de nouveau. Une petite chose que tu as mis dans ta fiche descriptive, ça serait quoi?

Qu’apprenons-nous de la recherche

«Nous devons y voir du “temps pour les enfants”. Le temps que les adultes consacrent à observer et à documenter, puis à interpréter et à réinterpréter la documentation rendront notre temps avec les enfants d’autant plus constructif et positif. De plus, les éducatrices et éducateurs reconnaissent la valeur de l’interprétation et de la réinterprétation de la documentation avec les enfants. Comme l’explique Carlina, on le fait “pour élaborer avec les enfants des théories qui donnent du sens aux événements et aux objets de leur monde”.»
(Rinaldi, 2001 – traduction libre)

Qu’apprenons-nous des éducatrices et éducateurs sur le terrain?

«Il peut être à la fois très stimulant et très exigeant de saisir et d’analyser en profondeur des représentations diverses de la pensée et de l’apprentissage des élèves. Dans ce contexte, on ne peut pas sous-estimer la valeur de l’enquête collaborative — du travail en équipe pour étudier et consigner l’apprentissage et la pensée des élèves. Bien que la documentation donne des descriptions étoffées des propos, des gestes et des représentations des élèves, ce sont la réflexion et l’analyse collectives de l’équipe qui approfondissent la compréhension. La première étape du processus consiste donc à constituer une équipe résolue à mettre la documentation au cœur de l’apprentissage.»
(Éducatrice du cycle préparatoire)

«Écoute visible»
Comment «l’écoute visible» aide-t-elle les éducatrices et éducateurs à dévoiler l’apprentissage des enfants et à appuyer l’établissement des relations?

Mise en contexte

En tant qu’éducatrices et éducateurs, nous écoutons intentionnellement les enfants pour dévoiler la profondeur et la complexité de leur pensée. Lorsque les enfants voient les «documents» ou les «objets» que nous avons conservés de leur apprentissage, ils deviennent plus conscients de leur qualité d’apprenantes et d’apprenants. Ils sont capables d’articuler les prochaines étapes de leur apprentissage et de poser de nouvelles théories et questions pour des enquêtes futures. La documentation de l’apprentissage peut être partagée avec divers auditoires et donne à tous une voix dans l’apprentissage, y compris les parents et les tuteurs.

En visionnant les vidéos…

  • Qu’avez-vous remarqué au sujet des élèves et de leur apprentissage parce qu’ils utilisent la documentation?
  • Comment l’utilisation de la documentation par l’éducatrice ou l’éducateur fait-elle ressortir l’apprentissage des élèves?
  • Comment la documentation pourrait-elle tisser des liens tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la salle de classe?

Questionner pour approfondir la réflexion de l’enfant

Dans cette vidéo, des éducatrices posent des questions aux élèves pour les amener à réfléchir à leur apprentissage.

Cliquer ici pour consulter la monographie : L'art de questionner de façon efficace

Transcription de la vidéo

- Regarde là, on a un magasin là-bas… c’est quoi la première chose que tu veux qu’on fasse pour qu’on l’ouvre?

- (inaudible)

- (inaudible) quoi?

 

***
- Destiny, dis ce que tu viens de me dire.

- (inaudible)

- Pourquoi est-ce qu’on aurait besoin de l’argent chez la coiffeuse?

- Pour donner de l’argent…

- Pour payer.

- Pour payer la coiffeuse! Oui! Donc, si on a besoin de l’argent, quoi d’autre on aurait besoin sur la table ici? On va peut-être… C’est quoi ça?

- Une banque!

- La payeuse!

- La payeuse? Une banque? Une caisse?

- La caisse!

- Donc est-ce qu’on devrait peut-être garder ça pour notre salon de coiffure?

 

***

- Donc, tu vas expliquer à madame qu’est-ce que c’est. C’est quoi ça? Est-ce que tu avais quelque chose en tête quand tu voulais construire tes choses? Le petit carré on pouvait l’utiliser pour quoi qu’on avait dit? Regarder dehors… quand on est dans la maison? Est-ce que toutes les maisons ont des fenêtres? C’est pourquoi qu’on a ça?

 

***

 

- Est-ce que la porte elle va rester debout toute seule? Comment qu’on pourrait bâtir ça?

 

***

- C’est du beau travail d’équipe, ça! Qu’est-ce qu’il y a sur les chemins, par exemple? Tu sais quand qu’on va sur la grande route, là? Qu’est-ce qu’il y a ici au milieu?

- I’m at your house, Ethan!

- Les garçons! Qu’est-ce qu’il y a au milieu, ici?

- Des lignes!

 

***

 

- Ok, puis on a besoin de quoi pour faire un trou?

- Des ciseaux! Des ciseaux!

- Si ça dépasse, tu vas faire quoi avec? …Couper avec des ciseaux, ou…? Bon, là! J’ai des amis qui ont dit qu’ils voulaient une porte rose, d’autres amis qui ont dit multicolore!

- Multicolore.

- Comment qu’on va mettre de la couleur sur notre porte?

 

***

- Donc, comment qu’on pourrait commencer notre note à maman et papa? Mais quand qu’on commence une lettre d’habitude, ou une carte, qu’est-ce qu’on fait? Comment qu’on…

- Ah! Comme… quand qu’on poste la mail, là comme…

- Comment qu’on commence? On écrit des mots… quels mots qu’on pourrait écrire?

- Um… on peut… écrire, «Je peux-tu avoir une brosse maman?»

***

- Qu’est-ce qu’on pourrait faire… Qu’est-ce que vous pouvez me faire pour garder ça là, en mémoire? Qu’on se souvienne comment qu’il était beau… comment qu’elle était belle, votre maison?

- Une photo?

- Une photo. Je peux prendre une photo. Mais qu’est-ce que VOUS pouvez faire? Ça, c’est le garage? Ok! Garage! G… G…

Documentation pédagogique et les parents

Dans cette vidéo, des éducatrices expliquent comment la documentation pédagogique a permis à un parent de «voir» l’apprentissage de son enfant.

Transcription de la vidéo

- Donc en faisant une documentation pédagogique avec un certain élève, on a pu voir l’impact que la documentation pédagogique a sur un parent. On a un parent qui est venu nous voir un soir pour discuter de son enfant. Son enfant souffre d’anxiété, puis ça l’inquiète beaucoup. Puis elle a peur qu’il n’apprend pas, puis que ça ne va pas bien en salle de classe. Mais on a pu lui montrer, avec une vidéo, puis avec des étapes et des photos, comment son enfant est correct. Il apprend et tout va bien dans la salle de classe.

- Oui. Puis lorsqu’on lui a montré la vidéo, elle est devenue toute émue parce que… seulement de juste voir son enfant être capable d’expliquer des étapes, la confiance qu’il avait… pour nous partager ce qu’il faisait avec… pour bâtir son avion…, elle n’en revenait pas. Elle trouvait ça super beau, ça l’a rassurée, ça lui a vraiment montré que même s’il souffrait d’une anxiété, que… à l’école, il est quand même bien, confiant, ça va super bien. Sur le côté comme parent, je pense qu’elle a beaucoup apprécié qu’on lui partage toute cette information-là, puis la documentation qu’on a pu faire avec ceci.

- Puis, comme enseignante aussi, c’est satisfaisant de voir un parent réagir de cette façon-là. Pour voir que la façon dont on enseigne en ce moment, c’est correcte. Les parents l’apprécient, puis ils nous félicitent, nous remercient.

- Tout ce qu’on fait avec leurs enfants… je pense sans la documentation, puis avoir pris toutes ces photos-là, puis ces vidéos-là…  

- Ça n’aurait pas eu le même impact.

- Non. L’impact n’aurait pas été pareil comme juste le dire avec des mots… Voir la vidéo, voir le tout… je pense, ça fait toute une différence pour eux et pour nous.

Documentation et réflexion 

Dans cette vidéo, une éducatrice explique en quoi la documentation pédagogique qui lui est utile peut aussi soutenir la réflexion des élèves.

Transcription de la vidéo

Présentement, j’ai un SMART TÉLÉ dans ma classe, donc pendant nos enquêtes, j’aime beaucoup prendre des photos. C’est mes traces de leurs connaissances et ensuite, souvent, à la fin de la tâche, on va aller regarder nos photos et ils aiment bien ça. Ils ont la chance de communiquer ce que peut-être que j’ai pas eu la chance d’entendre pendant qu’ils étaient en train de travailler.

- Donc je vais inviter Lotus et Ophilia. Tu peux venir devant et nous expliquer ce que vous avez fait.

- Qu’est-ce qu’on a fait c’est on a fait des bonshommes de neige.

- On a fait 12 bonshommes de neige.

- Peux-tu nous parler de la régularité? Qu’est-ce qui se passait entre chaque figure?

- On a ajouté un…

- Un à chaque fois à les bonshommes de neige.

- Est-ce que tu peux être précise? Tu ajoutais un quoi?

- Un hexagone.

- Un hexagone.

- De quelle couleur?

- Jaune.

- Excellent.

Grâce aux photos que je prends pendant tout le parcours de l’apprentissage par enquête… ces photos-là, souvent aussi, au début de l’apprentissage, on va voir certaines photos peut-être que les connaissances ne sont pas complètement acquises. Donc les photos vont me donner des traces de l’évolution de l’apprentissage de l’enfant. Donc on pourrait regarder la photo du début, et ensuite, regarder à la toute fin de l’apprentissage, à la fin de l’enquête, et on pourrait voir une belle progression, une belle évolution de son apprentissage et de ses acquis.

Qu’apprenons-nous de la recherche?

«Si nous croyons en cette intention fondamentale de l’enseignement – à savoir que nous devons travailler à partir des points forts et des intérêts des élèves (Dewey, 1997) –, il n’est plus important de nous intéresser à l’une ou l’autre de ces pratiques culturelles, d’aimer ou de ne pas aimer l’une ou l’autre ou de les avoir déjà utilisées. Essentiellement, les pratiques ne se rapportent pas à nous. Elles sont ce que les jeunes font, et il nous appartient d’acquérir un sens complexe de la façon dont ils font ce qu’ils font et des raisons qui les motivent pour comprendre d’où les jeunes viennent et ce qu’ils pourraient apporter au milieu d’apprentissage.»
(Gustafson et Appelbaum, 2005 – traduction libre)

Qu’apprenons-nous des éducatrices et éducateurs sur le terrain?

«Il y a eu un moment décisif où nous nous sommes rendu compte que les apprenantes et apprenants des cycles préparatoire et primaire étaient capables de renforcer leur propre apprentissage. Nous devions planifier la documentation de leur pensée et faciliter la conversation pour faire ressortir les concepts clés. La plus grande constatation de cette enquête est peut-être la compréhension du rôle que joue l’observation dans l’apprentissage de l’éducatrice ou de l’éducateur et de l’élève. Il est devenu évident que pour rendre visible l’apprentissage des élèves, le rôle de l’observatrice ou de l’observateur devait changer.»
(Éducatrice du cycle primaire)

Ouvrages de référence et lectures connexes

Dahlberg, G., P. Moss et A. Pence. Beyond quality in early childhood education and care: Postmodern perspectives, Londres, Falmer Press, 1999.

Dahlberg, G., P. Moss et A. Pence. Beyond quality in early childhood education and care: Postmodern perspectives, 2e éd., Londres et New York, Routledge Falmer, 2007.

Fraser, S. Authentic childhood, Nelson Education, 2012.

Gallas, K. The languages of learning: How children talk, write, dance, draw, and sing their understanding of the world, New York, Teachers College Press, 1994.

Gandini, L., et J.A. Kaminsky. Innovations in early education, 2004

Gustafson, L., et P. Applebaum. «Youth cultural practices, popular culture, and classroom teaching» dans Classroom teaching: An introduction, J. L. Kincheloe (éd.), New York, Peter Lang Publishing (2005) pp. 281-297.

Helm, J. H., S. Beneke et K. Steinheimer. Windows on learning: Documenting young children’s work, 2e éd., New York, Teachers College Press, 2007.

TAN, P. «Curiosity, curriculum and collaboration entwined: Reflections on pedagogical documentation», Canadian Children Study, vol. 35, no 2 (2010).

ONTARIO. MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION. Maîtres chercheurs en éducation: John Hattie, 2012.

ONTARIO. MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION. Maîtres chercheurs en éducation: Lucy West, 2012.

ONTARIO. MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION. Kindergarten Matters: Intentional Play-Based Learning, 2011.

ONTARIO. MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION. Observation and documentation, 2012.

ONTARIO. MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION. «Documentation pédagogique», Accroître la capacité, 2013.

ONTARIO. MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION. «Documentation pédagogique», Accroître la capacité, 2015

ONTARIO. MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION. Thinking about thinking, 2012.

PASCAL, C. Every child, every opportunity: Curriculum and pedagogy for the early learning program. A compendium report to ´With our Best Future in Mind: Implementing Early Learning in Ontario´, 2009.

RINALDI, C. «The pedagogy of listening: The listening perspective from Reggio Emilia. Innovations in Early Education», The International Reggio Exchange, vol. 8, no 4 (automne 2001).

RINALDI, C. In dialogue with Reggio Emilia: Listening, researching and learning, New York, Routledge Falmer, 2004.

RINALDI, C. In dialogue with Reggio Emilia: Listening, researching and learning, New York, Routledge Falmer, 2006.

SEITZ, H. «The power of documentation in the early childhood classroom», NAEYC, mars 2008.

TAN, P. «Curiosity, curriculum and collaboration entwined: Reflections on pedagogical documentation», Canadian Children Study, vol. 35, no 2 (2010).

TARR, P. «Curiosity, curriculum, and collaboration entwined reflections on pedagogical documentation», Canadian Children, vol. 35, no 2, (2010/automne) p. 10-14.

TARR, P. «Reflections and shadows: Ethical issues in pedagogical documentation», Canadian Children, vol. 36, no 2 (2011/automne) p. 11-16.

WEIN, C. A. Emergent curriculum in the primary classroom, University of Michigan, MI, Teachers College Press, 2008.

Pour accéder à la bibliothèque professionnelle de l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario

Citations de recherche additionnelles

Comment notre image de l’enfant est-elle liée à notre «optique» quand nous documentons l’apprentissage? Comment représentons-nous les enfants dans les images et les preuves que nous rassemblons?

«Si la culture de l’éducatrice ou de l’éducateur doit devenir une part de la conscience de l’enfant, la culture de l’enfant doit donc d’abord être dans la conscience de l’éducatrice ou de l’éducateur.»
(Gallas, 1994 – traduction libre)

«Plus les éducatrices et éducateurs développent les attentes réciproques de la pédagogie de l’écoute, plus l’image de l’enfant s’impose dans l’esprit des éducatrices et éducateurs, celui des enfants et celui des parents.»
(Rinaldi, 2001 – traduction libre)

Comment le processus de documentation pédagogique incite-t-il les éducatrices et éducateurs à réfléchir au passage de «l’histoire de l’apprentissage» à «l’étude de l’apprentissage»?

«Lorsque vous prenez une photo ou rédigez un document, vous ne documentez pas l’enfant en réalité, mais votre connaissance, votre concept, votre idée […] Vous ne montrez pas l’enfant, mais la relation et la qualité de la relation, ainsi que la qualité de votre regard sur elle ou lui.»
(Rinaldi, 2006 – traduction libre)

«La planification de l’apprentissage des enfants est basée sur l’enquête professionnelle du Programme d’apprentissage de la petite enfance. Les éducatrices et éducateurs réagissent au développement de chaque enfant et au développement général de l’ensemble des enfants de leur groupe. En organisant le milieu d’apprentissage, les éducatrices et éducateurs observent attentivement les progrès de chaque enfant et les documentent. Ils participent à un cycle continu d’évaluation, examinent les difficultés comme le curriculum, l’inclusion, l’équité et la diversité, et en discutent. Le gage de la réussite est l’enfant qui devient une apprenante active et curieuse ou un apprenant actif et curieux, pas l’enfant qui sait réciter des faits.»
(Every Child, Every Opportunity: Curriculum and Pedagogy for the Early Learning Program, 2009 – traduction libre)